Querelles de Voisinage, Affaire d’État

« Si j'ai pris la peine de détourner ma route par Mydh, ce n'est point pour me voir attendre, Ayabal. » Lâcha la Blàràlfar du caractéristique timbre psalmodique, malgré des propos piquants, qui teintait son phrasé. Si les mots de la femelle laissaient à penser à un certain agacement, celui-ci n'était guère palpable dans son attitude. Au contraire, une sorte d'allure flegmatique maintenait son être debout dans une des antichambres de la demeure Irvyyn. « Tu sais que de coutume, me rendre à Vilius éveille en moi un de ces rares bonheur capable d'émouvoir mon cœur de pierre … Alors, quand on me mande avec insistance pour un motif impératif, je consens à te confier guère trop apprécier languir dès mon arrivée en mon palais... »

« Shynrhaella ... » Bougonna l'Alfe Sombre, dont l’ancienneté au sein de la maisonnée précédait de loin la venue au monde de son actuelle Seigneur et Maître. « Si nous savions que tu pousserai tes montures à l'épuisement, tu te doutes bien que nous ne t'aurions fait patienter de la sorte. »
Le Haut-Commandant du Vilésan déposa un prude bien que sincère baiser sur le front de celle qu'il avait vu grandir, tantôt instruite et surtout élevée en Émir de la contrée. La Grise se retira promptement de cette salutation qu'elle ne tolérait que de la part d'Ayabal Azzarar, pour reprendre sur un ton éhontément plus léger.
« D'aussi loin que je me souvienne, vous m'avez fait venir de Nevenè dans un contexte obscur et similaire, il y a de cela une dizaine d'années … Puis-je savoir qui est mourant cette fois ? »

Un étrange sourire lui traversa le visage. Déridant dans le sens strictement opposé son interlocuteur qui laissa couler la remarque d'un air grave avant de reprendre. « Je ne puis parler d'un individu … Mais …...... Allons. Mesym et Ajjrhan nous rejoindront. »
On fit venir une paire de coursiers à la robe sableuse, qu'ils enfourchèrent avec hâte pour se diriger vers les parages du domaine d'où apparaissait l'aurore. Heureusement pour les jambes endolories de l'Ondine, leur chevauchée s’interrompit peu de temps après qu'ils ne se soient mis en selle.
Ils s'arrêtèrent sur un promontoire naturel donnant sur l'étendue de terre courant jusqu'aux hautes rives de la lagune, dévoilant sous leurs yeux ce qui d'ordinaire les aurait émerveillé. Une sourde colère monta brutalement dans la gorge de l'Altesse, qui ne put retenir son effroi.
« Non...nnon..... Ce n'est pas …. » Marmonna Shynrae en faisant trembler la bride de sa monture.

Les ouches colorées et suaves, abritant les endémiques oliviers et citronniers siwalii dont on faisait la plus pure huile, véritable joyau de sens originaire des superbes glèbes du Vilésan, avaient laissé place à une plaine désolée, jonchée d'arbres calcinés, qu'une acre odeur recouvrait avec pestilence. L'envie lui vint de pleurer, pour le profond mal que lui causait cette atroce vision, et pour tout ce qu'elle promettait pour la suite …

« Ayabal, ….Que s'est-il passé … ? » Souffla t-elle à son conseiller, interdite.