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Cosmogonie {En Construction}
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Basmat


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Cosmogonie {En Construction}


Cosmogonie





Livre du Matin – Pamphlet 7 ; « Au commencement ».


L’on eut su s’il y avait autre vie que le Néant. L’on eut su qu’il ne s’agissait ni d’un Dieu, ni d’un mortel. Que cet Abysse n’était ni totalement vivant ni totalement inerte. C’était une masse qui emplissait l’Univers avant toute chose. Il n’y avait ni son, ni couleur, ni contraste. La vision n’existait point, pas plus que l’ouïe ou l’odorat. Alors, le Néant n’avait ni forme, ni parfum. Il n’était pas non plus palpable puisque le toucher n’était encore apparu. Ce Rien n’avait ni début ni fin. Ni chaleur ni fraîcheur. De ce grand Vide, il ne reste aujourd’hui qu’une mémoire divine retranscrite ici pour ceux qui ne l’on point connu et qui sont condamnés à mourir un jour ; l’Abyssime fût pourtant le père de toute chose.

En son sein demeurait l’Immobilisme, jusqu’au jour où le Rien bougea. Il n’y eut pourtant ni tremblement ni grondement. Le mouvement était imperceptible, et personne ne fût là pour le sentir. Ce mouvement d’abord chaotique se répéta. Une fois. Deux fois. Puis il devint plus linéaire, cyclique. Aujourd’hui il demeure dans le Royaume Céleste comme auprès de ceux destinés à mourir. L’Abyssime se mouvait dans une danse rythmique et enivrante que l’on appela bien des éternités plus tard le Temps. De chaque action apparaissait une impulsion dans cet océan vide. Mais le Temps ne semblait changer grand-chose dans le Néant car nulle chose n’était prête à changer. Il s’écoulait sans faille autour de cette masse sans forme et sans parfum. Il glissait, paisible.

Et le Temps tomba malade. Sa routine hoqueta un sursaut étrange, empoignant sans le vouloir l’Abyssime. Un instant, une éternité, laissant son chant muet s’interrompre accrochant le Rien, l’enfermant dans une cage invisible. Il ne pouvait bouger, prisonnier malhabile qui tressauta. Durant cette fraction d’infini naquit en son sein une forme. D’abord parfaitement indistincte, elle se mua en quelque chose de troublant. La Vide ne l’était plus. Cette chose venait anéantir la perfection de l’Abyssime, enfant renégat. La masse nouvelle, accrochée à sa mère était immobile jusqu’à ce que son père reprenne sa course. Alors, on entendit pour la première fois un souffle. La Chose respirait et bientôt, elle vit. Elle était pourvue d’yeux qui ne parvinrent à voir quoi que ce soit : l’Abyssime restait par essence un lieu dénué de tout. Et son petit nez ne sentit aucun parfum.

Le père Temps avait repris sa course folle laissant la Chose dans le ventre de sa mère. Elle tournait et virait sans jamais cesser. Ses yeux aveugles et son nez bouché la firent devenir bien las. Alors elle s’allongea et attendit. La malheureuse Chose ressentait pour la première fois ; une tristesse profonde qui vint s’ancrer au creux de sa poitrine. Une tristesse qui raisonna dans tout l’Abyssime, s’éclatant dans la masse vide comme un écho jamais épuisé. Le père l’entendit enfin. Que pouvait-il faire, lui qui n’était qu’un cycle ? Et plus il tournait et plus son enfant s’enfonçait dans la solitude. Il habillait le Rien de cet écho mélancolique que le Temps n’aurait su panser. Placide, il ne pouvait interrompre son perpétuel mouvement, ni même réconforter la Chose : elle ne savait pas même qui il était.

Savait-elle seulement qui elle était elle-même ? Avec ses mirettes amblyopes la Forme n’avait notion de rien. Elle savait qu’elle existait sans parvenir à définir pourquoi. Elle était capable de ressentir alors même qu’elle ignorait jusqu’à sa composition. Forme éthérée perdue dans le ventre sans fin de sa propre mère dont la Chose ne connaissait pas même l’existence. Les complaintes se faisaient de plus en plus lourde. Leur écho résonnait à l’infini, revenant la hanter comme si jamais la Chose ne pourrait s’en défaire. Les cycles s’enchaînaient et pourtant. Il y eut finalement un tressautement. Une nouvelle ataxie où l’Abyssime subit les griffes du Temps. La Forme fut secouée, malmenée. Echouée dans le cœur du Néant, elle n’échappa guère au grondement qui montait des ténèbres. C’était la première fois qu’un bruit perçait.

L’Abyssime ne bougea plus. Lâchant sa proie d’infortune, le Père repris sa route invisible. Il y avait peut-être une éternité que la Forme naquit. Et au milieu de ce Rien, il vit pour la première fois. D’abord, la nouvelle Chose l’éblouit. Alors il découvrit la vue, les couleurs. Il put en définir la forme juste sans pourtant pouvoir mettre un mot dessus : ces choses-là n’existaient pas encore. Alors la Prime Chose s’approcha un peu plus. Au-delà des couleurs, il apprit à sentir : la Benjamine avait une odeur, un effluve si particulier qui n’existe plus pour ceux destinés à mourir. La nouvelle Forme était si envoûtante. Alors il se rapprocha encore dans les entrailles de sa Morne Mère. Lorsqu’il fût assez près, tout près, il tendit un appendice qui effleura la Dormante. Le contact le brûla, si bien qu’il connut à ses dépens une sensation nouvelle : il pouvait toucher.

De toutes les révélations, celle-ci fût la plus longue à comprendre pour la Prime Forme ; dans cet univers de Néant où l’avait mis au monde sa Mère, il était une Chose, une chose matérielle capable à la fois d’entendre, de voir, de sentir et de toucher. Et sa cadette, la Dormante, semblait tout aussi dans le Réel qu’il l’était. Cette dernière néanmoins, ne bougeait pas. Elle formait une masse recroquevillée, dont le corps chétif se soulevait paisiblement. Il la veilla des siècles, sans bruit. Même si elle n’était pas éveillée, il se sentait moins seul en sa présence. La Prime Forme l’observait avec curiosité, la touchant que rarement. Lorsqu’il le faisait, quelque chose de mauvais lui triturait la peau, lui blessait les entrailles ; c’est en attendant la fin de sommeil que l’Abyssime fût pourvu du Premier Mal.

Une ère est certainement passé lorsque la Dormante se tira, seule, de sa torpeur. Ses mirettes papillonnèrent dans le grand Rien. C’est ce que ceux destinés à mourir nommèrent bien des mondes plus tard : l’Eveil. Ses sens furent tous acquis lorsque la Prime Forme se recula. Surpris, sa cadette ne dormait plus – elle avait quitté le cocon de paix et troublée l’ordre de sa Mère. A présent ils étaient deux. Ils se regardèrent longtemps, jusqu’à se connaître parfaitement. Les Mortels ont bâti des Idoles mais ce que l’on sait, de ce jour-là c’est qu’ils se trouvèrent beaux. Pour sûr, le Temps-Père qui n’avait pas d’emprise sur leur monde avait réussi à inventer dans un sursaut d’agonie placide, le Beau. La Dormante et la Prime Chose n’osait guère se détacher de l’autre : peut-être par choix, peut-être pas. Attirés l’un à l’autre, ils demeuraient patiemment.
(...)





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